La Clause Bénéficiaire

La clé de voûte de votre stratégie de transmission patrimoniale en assurance-vie

Élément central

La pierre angulaire d'un contrat d'assurance-vie qui détermine la destination des fonds après votre décès

Rédaction sur-mesure

Une formulation personnalisable mais qui requiert précision et expertise pour éviter les écueils juridiques

Protection patrimoniale

Un outil puissant pour organiser votre succession et protéger vos proches en contournant les règles successorales classiques

Qu'est-ce que la clause bénéficiaire ?

La clause bénéficiaire est l'élément central d'un contrat d'assurance-vie. Elle désigne la ou les personnes qui recevront le capital ou la rente en cas de décès de l'assuré.

Sa rédaction, libre mais encadrée par la loi, est essentielle pour garantir la bonne transmission des fonds selon votre volonté. Une clause bien rédigée peut vous permettre d'organiser votre succession de manière optimale, en respectant vos souhaits tout en bénéficiant d'avantages fiscaux significatifs.

La clause bénéficiaire se situe en dehors du cadre successoral traditionnel. Les capitaux d'assurance-vie ne font pas partie de la succession, ce qui permet de contourner certaines règles comme la réserve héréditaire (part minimale devant revenir aux héritiers réservataires comme les enfants).

Toutefois, cette liberté n'est pas absolue et des règles spécifiques s'appliquent pour protéger certains héritiers, notamment en cas de primes manifestement exagérées par rapport aux facultés du souscripteur.

Caractéristiques essentielles

Hors succession

Les capitaux transmis via l'assurance-vie échappent aux règles successorales classiques et ne sont pas intégrés à la masse successorale

Liberté encadrée

Vous êtes libre de désigner qui vous voulez comme bénéficiaire, tout en respectant certaines limites protégeant les héritiers réservataires

Fiscalité avantageuse

Exonération jusqu'à 152 500€ par bénéficiaire pour les versements effectués avant 70 ans, et application d'un taux réduit au-delà

Modifiable à tout moment

Possibilité de modifier la clause bénéficiaire tout au long de la vie du contrat pour l'adapter à l'évolution de votre situation personnelle

Les principes fondamentaux de rédaction

Une clause bénéficiaire efficace requiert précision et clarté pour éviter tout litige futur

Les bonnes pratiques de rédaction

Identification précise des bénéficiaires

Utilisez des désignations claires et sans ambiguïté : nom, prénom, date et lieu de naissance, adresse. Évitez les formulations vagues comme "mes enfants" qui pourraient poser problème en cas de famille recomposée.

Hiérarchisation des bénéficiaires

Établissez un ordre de priorité clair entre les bénéficiaires et précisez les modalités de répartition entre bénéficiaires de même rang (parts égales ou inégales).

Clause de représentation

Prévoyez une clause de représentation pour anticiper le décès d'un bénéficiaire avant vous (permettant à ses enfants de recevoir sa part).

Bénéficiaire par défaut

Désignez un bénéficiaire "en dernier ressort" (souvent les héritiers légaux) pour éviter que le capital ne retombe dans la succession en l'absence de bénéficiaires désignés.

Acceptation du bénéficiaire

Soyez prudent avec l'acceptation du bénéficiaire qui rend la clause irrévocable sans son accord. Privilégiez l'information au bénéficiaire plutôt que l'acceptation formelle.

Révision périodique

Revisitez régulièrement votre clause bénéficiaire pour l'adapter aux changements de votre vie (mariage, divorce, naissance, décès d'un bénéficiaire).

Attention aux clauses standards

Les clauses types proposées par les assureurs (« mon conjoint, à défaut mes enfants nés ou à naître, à défaut mes héritiers ») peuvent être inadaptées à votre situation familiale ou patrimoniale spécifique. Une clause bénéficiaire personnalisée, rédigée avec l'aide d'un professionnel, permet d'optimiser la transmission de votre patrimoine selon vos souhaits précis.

Les erreurs à éviter

Erreurs de formulation

  • Désignations imprécises

    Évitez les formulations trop générales ("mes enfants") qui peuvent créer des ambiguïtés, surtout dans les familles recomposées.

  • Absence de hiérarchie claire

    Sans ordre de priorité précis, plusieurs bénéficiaires pourraient revendiquer le capital simultanément.

  • Termes juridiques inadaptés

    L'utilisation incorrecte de termes juridiques peut entraîner des interprétations différentes de vos intentions.

Erreurs stratégiques

  • Ignorer la réserve héréditaire

    Déshériter complètement ses enfants via l'assurance-vie peut être contesté juridiquement en cas de primes manifestement exagérées.

  • Acceptation prématurée

    Une clause acceptée par le bénéficiaire devient irrévocable, limitant drastiquement votre flexibilité future.

  • Ne pas prévoir de substitution

    Sans clause de représentation, le décès d'un bénéficiaire avant vous peut entraîner une répartition non souhaitée du capital.

Exemple d'erreur juridique courante

Un souscripteur désigne comme bénéficiaire « mon épouse ». Suite à son divorce puis à son remariage, il décède sans avoir modifié sa clause bénéficiaire.

Problème : La désignation « mon épouse » est considérée comme une désignation qualitative et non nominative. C'est donc la personne qui a la qualité d'épouse au moment du décès qui sera bénéficiaire (la seconde épouse), même si l'intention initiale était peut-être différente.

Solution : Toujours désigner les bénéficiaires de façon nominative (nom, prénom, date de naissance) plutôt que par leur seule qualité.

Les clauses bénéficiaires avancées

Des solutions sophistiquées pour une transmission optimisée de votre patrimoine

La clause à options

Définition et intérêt

La clause à options permet à l'assuré de laisser le choix au(x) bénéficiaire(s) désigné(s) de percevoir le capital ou une rente. Cette clause offre une grande flexibilité au(x) bénéficiaire(s) qui pourra (pourront) choisir la solution la plus adaptée à sa (leur) situation personnelle et financière au moment du décès.

Avantages principaux
  • Adaptation aux besoins du bénéficiaire au moment du décès
  • Possibilité d'ajuster la fiscalité en fonction de la situation
  • Préservation du capital tout en assurant des revenus réguliers
  • Souplesse dans les modalités de perception (capital immédiat, différé, rente, mixte)
Exemple pratique

Un père souscrit une assurance-vie au profit de son enfant. Il prévoit une clause à options permettant à son enfant de choisir entre :

  • Le versement d'un capital immédiat (si besoin d'investissement important)
  • Le versement d'un capital différé (pour éviter une fiscalité défavorable momentanée)
  • Une rente viagère (pour assurer un revenu régulier à vie)
  • Une solution mixte (partie en capital, partie en rente)

Fondement juridique

L'article L. 132-12 du Code des assurances dispose que "le contrat d'assurance sur la vie peut comporter une clause dite bénéficiaire". Aucune disposition légale ne précise les modalités de rédaction d'une clause à options. La jurisprudence confirme la validité de ce type de clause (voir par exemple, Cass. civ. 1ère, 27 mai 1992, n°90-16.971).

La clause démembrée

Définition et mécanisme

La clause démembrée permet de distinguer l'usufruitier et le nu-propriétaire du capital ou de la rente. Ce mécanisme divise les droits sur le capital d'assurance-vie :

Usufruitier

Il a le droit de jouir du bien (percevoir les revenus de la rente ou utiliser le capital) sans pouvoir en disposer définitivement.

Nu-propriétaire

Il est propriétaire du capital mais ne peut en jouir tant que l'usufruit existe. Il récupère la pleine propriété à l'extinction de l'usufruit.

Intérêts de la clause démembrée
Protection du conjoint survivant

Lui assure des revenus tout en préservant le capital pour les héritiers (généralement les enfants).

Optimisation fiscale

Permet de réduire l'assiette des droits de succession, car la fiscalité s'applique sur la valeur de la nue-propriété et de l'usufruit séparément.

Transmission progressive

Organise une transmission en deux temps, permettant une transition patrimoniale plus douce.

Équilibre entre les générations

Concilie les intérêts parfois divergents des différentes générations d'une même famille.

Exemple concret

Un homme souscrit une assurance-vie avec une clause démembrée désignant son épouse comme bénéficiaire en usufruit et ses enfants en nue-propriété.

  • Au décès du souscripteur : L'épouse pourra percevoir les revenus du capital (intérêts) ou optionnellement une rente viagère calculée sur la valeur de l'usufruit.
  • Au décès de l'épouse : Les enfants, déjà nus-propriétaires, recevront la pleine propriété du capital sans nouvelle taxation.

Avantage fiscal : Si la souscription a eu lieu avant les 70 ans de l'assuré, chaque enfant bénéficie d'un abattement de 152 500€ sur la valeur de la nue-propriété, et l'épouse bénéficie du même abattement sur la valeur de l'usufruit.

Points d'attention pour la rédaction

La clause démembrée doit être précisément rédigée pour éviter tout litige. Il est crucial de :

  • Désigner clairement l'usufruitier et le nu-propriétaire (noms, prénoms, dates de naissance)
  • Préciser la durée de l'usufruit (généralement viager, c'est-à-dire jusqu'au décès de l'usufruitier)
  • Déterminer les droits et obligations de chacun (réinvestissement des capitaux, etc.)
  • Prévoir le traitement fiscal souhaité (option pour la fiscalité de l'assurance-vie ou du démembrement)

Autres formes de clauses sophistiquées

La clause graduelle

Elle impose au premier bénéficiaire de conserver le capital et de le transmettre à un second bénéficiaire désigné par le souscripteur à son décès.

Avantages

Permet de transmettre le capital sur deux générations et d'imposer une obligation de conservation au premier bénéficiaire.

Limites

Fiscalité potentiellement lourde car les capitaux seront taxés deux fois (une fois lors de chaque transmission).

La clause avec charges

Elle soumet le versement du capital au bénéficiaire à la réalisation de certaines conditions ou charges imposées par le souscripteur.

Exemples d'utilisation

Financement des études des petits-enfants, entretien d'un bien immobilier, soin d'un animal domestique, etc.

Précautions

Les charges imposées doivent être licites, morales et réalisables pour être valides juridiquement.

La clause à terme

Elle prévoit que le capital ne sera versé au bénéficiaire qu'à une date précise ou à la réalisation d'un événement futur déterminé.

Applications typiques

Versement au 25ème anniversaire d'un enfant, à l'obtention d'un diplôme, au moment d'un mariage ou de l'achat d'un bien immobilier.

Gestion intérimaire

Prévoir les modalités de gestion du capital pendant la période d'attente (administrateur provisoire).

La clause avec faculté d'attribution

Elle donne à un tiers de confiance (souvent le conjoint survivant) le pouvoir de répartir librement le capital entre plusieurs bénéficiaires désignés.

Intérêt principal

Permet d'adapter la répartition du capital en fonction de la situation des bénéficiaires au moment du décès (besoins financiers, situation familiale).

Encadrement nécessaire

Définir précisément l'étendue du pouvoir d'attribution pour éviter les contestations futures.

Clause sur-mesure et accompagnement professionnel

Ces clauses sophistiquées répondent à des besoins patrimoniaux complexes et doivent être rédigées avec une grande précision juridique. Un accompagnement par un conseiller en gestion de patrimoine et/ou un notaire est fortement recommandé pour s'assurer de leur validité et de leur adéquation à votre situation personnelle.

Cadre juridique et fiscal de la clause bénéficiaire

Comprendre les implications légales et fiscales pour optimiser votre stratégie de transmission

Cadre juridique

Liberté encadrée de désignation

L'article L. 132-8 du Code des assurances consacre le principe de liberté de désignation du bénéficiaire, mais cette liberté connait des limites, notamment en ce qui concerne la protection des héritiers réservataires.

Primes manifestement exagérées

Selon l'article L. 132-13 du Code des assurances, les primes versées peuvent être requalifiées si elles apparaissent manifestement exagérées eu égard aux facultés du souscripteur. Dans ce cas, elles peuvent être réintégrées dans la succession.

Acceptation du bénéficiaire

Depuis la loi du 17 décembre 2007, l'acceptation du bénéfice d'un contrat d'assurance-vie nécessite l'accord du souscripteur. Une fois acceptée, la désignation devient irrévocable sans l'accord du bénéficiaire.

Protection du conjoint

En cas de communauté entre époux, le conjoint peut revendiquer la récompense des primes versées avec des fonds communs si le bénéficiaire désigné est un tiers à la communauté (article 1437 du Code civil).

Cadre fiscal

Fiscalité des contrats souscrits avant 70 ans

Pour les primes versées avant 70 ans, chaque bénéficiaire profite d'un abattement de 152 500€. Au-delà, application d'un prélèvement de 20% jusqu'à 700 000€, puis 31,25% (article 990I du CGI).

Fiscalité des contrats souscrits après 70 ans

Pour les primes versées après 70 ans, application des droits de succession après un abattement global de 30 500€ partagé entre tous les bénéficiaires (article 757B du CGI). Les intérêts restent exonérés.

Exonérations spécifiques

Le conjoint ou partenaire de PACS bénéficiaire est totalement exonéré de droits de succession et de prélèvements forfaitaires. Certains bénéficiaires peuvent également être exonérés dans des cas particuliers (frères et sœurs vivant ensemble, etc.).

Fiscalité du démembrement

En cas de clause démembrée, la fiscalité s'applique soit selon les règles de l'assurance-vie, soit selon celles du démembrement. Le choix le plus avantageux dépend de la situation spécifique des bénéficiaires.

Jurisprudence significative
Primes manifestement exagérées

Cour de cassation, chambre civile 2, 1er juillet 2021, pourvoi n°19-24.156

La Cour a précisé que le caractère manifestement exagéré des primes s'apprécie au moment de leur versement, au regard de l'âge, des revenus et du patrimoine du souscripteur. Les héritiers réservataires peuvent demander la réintégration de ces primes à la succession.

Interprétation des clauses imprécises

Cour de cassation, chambre civile 1, 10 octobre 2018, pourvoi n°16-19.430

La Cour a jugé que la clause désignant "ses enfants" comme bénéficiaires doit être interprétée comme comprenant les enfants légitimes, naturels et adoptifs, nés au jour du décès, y compris ceux nés après la rédaction de la clause.

L'importance de l'accompagnement professionnel

Pourquoi faire appel à un expert pour la rédaction de votre clause bénéficiaire

Pourquoi solliciter un professionnel ?

La rédaction d'une clause bénéficiaire peut sembler simple en apparence, mais elle recèle de nombreux pièges juridiques et fiscaux qui peuvent compromettre vos objectifs de transmission patrimoniale.

Expertise juridique

Maîtrise des subtilités légales et de la jurisprudence récente pour éviter les contestations.

Vision globale du patrimoine

Analyse de votre situation dans son ensemble pour une stratégie cohérente.

Optimisation fiscale

Maximisation des avantages fiscaux liés à l'assurance-vie.

Clauses sur-mesure

Rédaction adaptée à votre situation familiale et patrimoniale spécifique.

Anticipation des évolutions

Prise en compte des changements prévisibles de votre situation familiale.

Sérénité et sécurité juridique

Assurance que vos volontés seront respectées sans contestation.

Risques d'une clause mal rédigée

  • Incertitude sur l'identité du bénéficiaire entraînant des blocages dans le versement du capital
  • Contestations et litiges familiaux pouvant mener à des procédures judiciaires longues et coûteuses
  • Fiscalité non optimisée générant des droits de succession évitables
  • Requalification des primes en donations indirectes soumises aux droits de succession
  • Impossibilité de modifier la clause en cas d'acceptation prématurée par le bénéficiaire

Une approche collaborative

La rédaction d'une clause bénéficiaire optimale nécessite souvent la collaboration de plusieurs professionnels : conseiller en gestion de patrimoine, notaire, avocat fiscaliste. Cette approche pluridisciplinaire permet d'envisager tous les aspects de votre transmission patrimoniale et d'élaborer une stratégie véritablement sur-mesure.

Notre accompagnement personnalisé

Notre méthode d'accompagnement en 4 étapes

Audit patrimonial complet

Analyse globale de votre situation familiale, patrimoniale et fiscale pour comprendre vos objectifs de transmission

Élaboration de scénarios

Présentation de différentes options de clauses bénéficiaires avec leurs avantages, inconvénients et impacts fiscaux

Rédaction sur-mesure

Formulation précise de la clause bénéficiaire choisie en collaboration avec nos experts juridiques

Suivi et révision

Révision périodique de la clause pour l'adapter aux évolutions de votre vie et de la législation

Notre engagement

Nous vous garantissons un accompagnement personnalisé pour optimiser la transmission de votre patrimoine selon vos souhaits tout en sécurisant juridiquement et fiscalement votre dispositif. Notre équipe pluridisciplinaire est à votre disposition pour répondre à toutes vos questions et vous accompagner dans la durée.

Optimisez votre transmission patrimoniale

Ne laissez pas le hasard ou des formulations standardisées décider de l'avenir de votre patrimoine. Bénéficiez de l'expertise de nos conseillers pour une clause bénéficiaire parfaitement adaptée à vos objectifs.

Points à retenir

La clause bénéficiaire est un élément crucial de votre contrat d'assurance-vie qui mérite une attention particulière :

Élément central de transmission

La clause bénéficiaire détermine qui recevra votre capital et dans quelles conditions, en dehors des règles successorales classiques

Personnalisation essentielle

Une clause standard ne répond généralement pas aux besoins spécifiques de votre situation familiale et patrimoniale

Solutions avancées disponibles

Des clauses sophistiquées comme le démembrement ou les clauses à options offrent des possibilités supplémentaires d'optimisation

Accompagnement professionnel

L'expertise d'un conseiller patrimonial est indispensable pour sécuriser juridiquement et optimiser fiscalement votre transmission

Notre conseil d'expert

Revisitez régulièrement votre clause bénéficiaire, idéalement tous les 3 à 5 ans ou à chaque événement important de votre vie (mariage, naissance, divorce, décès d'un proche). Cette démarche simple peut éviter des situations dramatiques où le capital serait versé à un ex-conjoint ou à un bénéficiaire que vous n'auriez plus souhaité favoriser.

Questions fréquentes sur la clause bénéficiaire

Oui, vous pouvez modifier votre clause bénéficiaire à tout moment, sauf dans deux cas :

  • Clause acceptée - Si le bénéficiaire a accepté le bénéfice du contrat (avec votre consentement depuis la loi du 17 décembre 2007), vous ne pouvez plus modifier la clause sans son accord.
  • Renonciation à ce droit - Si vous avez explicitement renoncé à votre faculté de révocation dans le contrat, ce qui est très rare en pratique.

Pour modifier votre clause bénéficiaire, vous devez contacter votre assureur par écrit, idéalement par lettre recommandée avec accusé de réception. Certains assureurs proposent également des formulaires spécifiques ou des options de modification en ligne.

Il est recommandé de revoir régulièrement votre clause bénéficiaire, notamment lors d'événements majeurs de votre vie comme un mariage, une naissance, un divorce ou un décès dans votre entourage.

Désigner un enfant mineur comme bénéficiaire d'une assurance-vie nécessite certaines précautions :

Problématiques à anticiper
  • Un mineur ne peut pas recevoir directement les fonds ; ce sont ses représentants légaux (généralement les parents) qui gèreront les capitaux jusqu'à sa majorité.
  • En cas de décès des deux parents, c'est le tuteur désigné ou nommé par le juge des tutelles qui gérera les capitaux.
  • À 18 ans, le bénéficiaire pourra disposer librement de l'intégralité du capital, ce qui peut représenter un risque s'il s'agit d'une somme importante.
Solutions possibles
  1. Clause à terme - Prévoir que le capital ne sera versé qu'à un âge déterminé (25 ans par exemple), avec désignation d'un administrateur temporaire pour gérer les fonds entre-temps.
  2. Pacte adjoint - Adjoindre à la clause bénéficiaire un "pacte adjoint" qui prévoit les modalités de gestion et d'utilisation des fonds jusqu'à un âge déterminé.
  3. Désignation d'un tiers administrateur - Nommer une personne de confiance qui gérera les fonds dans l'intérêt du mineur jusqu'à un âge prédéfini.
  4. Contrat de capitalisation - Alternative à l'assurance-vie permettant une transmission progressive du capital via une donation de la nue-propriété.

Il est fortement recommandé de consulter un professionnel pour mettre en place ces dispositifs, car ils nécessitent une rédaction précise et une coordination avec d'autres documents comme votre testament pour être pleinement efficaces.

La clause bénéficiaire notariée offre plusieurs avantages par rapport à la clause classique inscrite directement dans le contrat d'assurance-vie :

Avantages de la clause notariée
  • Confidentialité - Seule la mention "clause bénéficiaire déposée chez Maître X, notaire" apparaît dans le contrat, préservant l'identité des bénéficiaires
  • Complexité possible - Permet des clauses très détaillées et sophistiquées sans les contraintes d'espace du formulaire d'assurance
  • Conseil juridique - Bénéficie de l'expertise du notaire pour une rédaction optimale
  • Conservation sécurisée - Le notaire conserve la clause dans ses minutes, évitant tout risque de perte
  • Facilité de mise à jour - Modifications possibles sans contacter l'assureur à chaque changement
Situations recommandées
  • Clauses complexes - Démembrement, clauses à options, clauses graduelles, etc.
  • Discrétion souhaitée - Situations familiales complexes où la confidentialité est importante
  • Patrimoine important - Montants significatifs justifiant une sécurisation juridique maximale
  • Conditions particulières - Lorsque vous souhaitez assortir la transmission de charges ou conditions spécifiques
  • Coordination successorale - Intégration de l'assurance-vie dans une stratégie successorale globale

Pour mettre en place une clause bénéficiaire notariée, il faut :

  1. Rédiger la clause avec votre notaire
  2. Informer votre assureur par lettre recommandée AR de l'existence de cette clause notariée
  3. Demander l'inscription dans votre contrat de la mention "Voir clause bénéficiaire déposée chez Maître X, notaire à [ville]"

Le coût d'une clause bénéficiaire notariée est généralement compris entre 150€ et 400€ selon sa complexité, un investissement souvent modique au regard de la sécurité juridique qu'elle apporte et de l'importance des capitaux en jeu.

Concilier la protection de votre conjoint et la transmission à vos enfants est un objectif fréquent qui peut être atteint par plusieurs solutions :

1. La clause démembrée

La solution la plus classique et efficace consiste à désigner :

  • Votre conjoint comme bénéficiaire en usufruit
  • Vos enfants comme bénéficiaires en nue-propriété

Ainsi, votre conjoint pourra percevoir les revenus du capital (généralement sous forme de rente) sa vie durant, tandis que vos enfants récupéreront le capital à son décès.

2. La clause à options

Vous pouvez laisser à votre conjoint le choix entre plusieurs options :

  • Récupérer l'intégralité du capital
  • Ne prendre que l'usufruit et laisser la nue-propriété aux enfants
  • Ne prendre qu'une partie du capital et laisser le reste aux enfants
  • Opter pour une rente viagère avec réversion aux enfants

Cette solution offre une grande flexibilité et permet à votre conjoint d'adapter sa décision en fonction de sa situation financière au moment de votre décès.

3. Combinaison de plusieurs contrats

Une approche pragmatique consiste à souscrire plusieurs contrats avec des désignations bénéficiaires différentes :

  • Un premier contrat désignant votre conjoint comme bénéficiaire unique
  • Un second contrat désignant vos enfants comme bénéficiaires

Cette solution permet de doser précisément la répartition entre conjoint et enfants.

Point d'attention : La situation est plus complexe en présence d'enfants d'unions différentes. Dans ce cas, une rédaction très précise et personnalisée est essentielle pour éviter les conflits potentiels et assurer l'équité entre tous les bénéficiaires selon vos souhaits.

Non, les bénéficiaires ne sont pas automatiquement informés de leur désignation dans un contrat d'assurance-vie. Cela répond à un principe de confidentialité qui vous permet de modifier votre clause bénéficiaire sans avoir à en informer les personnes concernées.

Information vs acceptation

Il est important de distinguer deux notions :

  • L'information du bénéficiaire - Simple fait de lui faire savoir qu'il est désigné dans votre contrat
  • L'acceptation par le bénéficiaire - Processus formel qui rend la désignation irrévocable sans son accord
Conséquences pratiques

Cette absence d'information automatique présente plusieurs implications :

  1. Risque de non-réclamation - Un bénéficiaire qui ignore sa désignation peut ne jamais réclamer les capitaux qui lui sont destinés
  2. Délais de recherche - L'assureur doit rechercher les bénéficiaires au décès de l'assuré, ce qui peut retarder le versement des capitaux
  3. Prescription - Les capitaux non réclamés sont prescrits après 10 ans et versés à la Caisse des Dépôts et Consignations, puis à l'État après 30 ans
Recommandations
  • Informer sans faire accepter - Vous pouvez informer vos bénéficiaires de leur désignation sans leur faire signer d'acceptation
  • Confier une lettre à un tiers - Rédiger une lettre mentionnant l'existence du contrat et la confier à une personne de confiance ou votre notaire
  • Mettre à jour vos coordonnées - Maintenir à jour vos informations auprès de l'assureur pour faciliter la recherche des bénéficiaires
  • Inscription FICOVIE - Depuis 2016, les contrats d'assurance-vie sont automatiquement recensés dans le fichier FICOVIE accessible par les notaires lors du règlement d'une succession

Si vous souhaitez absolument que votre bénéficiaire ne soit pas informé de sa désignation de votre vivant, vous pouvez opter pour une clause bénéficiaire notariée qui garantit une confidentialité totale.